Qui sommes-nous ? Où allons-nous ?
Que nous est-il permis d'espérer ?
A la demande des absents et des présents qui se sont endormis,
nous publions bien volontiers la version écrite de cet exposé prononcé le 12 avril 2018 au salon Botul.
Chers amis, Nous fêtons cette année les 20 ans du salon Botul. Nous avons invité, mois après mois, le nombre respectable de 158 orateurs. Depuis janvier 1998, 158 fois, le coup de cloche a retenti, la causerie a duré une heure trente (le sablier faisant foi), jusqu’au buffet chaud servi par notre brigade culinaire. Quelle aventure! Faisons un bilan d’étape. Parlons de nous, puisqu’il n’y a que cela qui nous intéresse. Qui sommes-nous?
Je procéde par élimination.
Nous ne sommes pas une start up. Nous ne vendons pas de produits dérivés (tee shirts, mugs, gamme de parfums, pin’s, porte-clefs.) Nous nous n’avons pas déposé la marque «Botul» à l’INPI (Institut national de la propriété industrielle). Pendant nos réunions, on n’entend pas les mots bottom up, buzz, pitch, crowdfunding, helpers, business angel etc.
Nous ne sommes pas davantage une secte. Nous n’avons pas de gourou. Je ne suis que président de l’association et je mène une vie ascétique. Je n’appliquer pas les ficelles du métier de gourou : détecter dans chaque recrue le point faible, qui permet de la manipuler, de lui soutirer ses économies et de lui promettre une vie pleine de sea, de sex et de sun.
Nous ne développons pas de paranoïa de groupe, ce qui est peut-être dommage pour la cohésion du groupe. Nous ne nous répétons pas chaque matin: «Nous sommes les purs, les autres sont les impurs. Nous sommes les élus, ils sont les ignorants. Nous serons sauvés, ils sont foutus.» Nous ne sommes pas victimes d’un complot, ni d’une conspiration du silence. Quel dommage!
Lisons Botul mais ne le lissons pas!
Sommes-nous une religion? Avons-nous le matériel adéquat pour le devenir? Là, je réponds oui. Nous avons un Messager, un Envoyé, un Éveillé: Jean-Baptiste Botul, dit JBB, né le 15 août 1896 à Lairière, canton de Moutoumet, département de l’Aude. Dans la vie de Botul, si mal connue, il y a incontestablement des éléments religieux en sommeil, que nous n’avons pas exploités. Selon un fragment retrouvé dans l’armoire de Lairière: «Sa mère fut avertie en songe de la naissance prochaine d'un être hors du commun, à qui elle donna naissance sans aucune douleur, non par la voie habituelle mais par l'aisselle droite.» Mais il s’agit en fait d’une contamination d’ordre bouddhiste dans nos archives.
En revanche, il est avéré que Botul connut l’Illumination. Cela se passait le 28 février1916, au sommet du Milobre (624 m), qui domine Lairière. Au cours de cette «nuit de feu», Botul eut la révélation de sa mission: être philosophe de tradition orale. On pense qu’à partir de cette date, il mena une vie errante, car, selon un autre fragment de l’armoire de Lairière, «très pauvre, il partit sur la route avec son cousin Jean-Jean, parvenant à survivre avec un grain de riz et une goutte d'eau par jour.» Pour cette raison, il fut parfois surnommé «l’Éveillé des Corbières.» Deux mots sur ce cousin Jean-Jean: cas médical intéressant, il fut diagnostiqué, par la faculté de Toulouse, «seul exemple de crétin des Alpes pyrénéen.»
Un deuxième élément précieux pour devenir une religion, c’est la biographie incohérente de Botul. En août 1921, le Socrate des Corbières est à la fois à Narbonne, où il tente de traduire Heidegger en occitan et sur le paquebot Olympic, offrant une crème pour les mains à Marie Curie.
En juillet 1924, il est à Naples, invité par «les Hommes d’Honneur», une société philosophique clandestine et, en même temps, à Paris, où il initie la jeune Simone de Beauvoir (13 ans) à l’existentialisme. En août 1944, il est aperçu à la fois à Paris et à Sigmaringen (Allemagne). Que faire de ces incohérences? A mon avis, il ne faut pas les gommer et chercher à lisser la biographie de Botul. Est-ce préjudiciable à l’érection de Botul en tant que Messager?
Pas du tout. Ne tombons pas dans ce que Roland Barthes nommait «la névrose» du principe de non-contradiction. Le mystère qui entoure le Philosophe est de bon aloi.
Il y a des précédents. Pensez à la somme de contradictions concentrées dans le seul personnage de Jésus: il prêche tantôt la charité («Aimez-vous les uns les autres»), tantôt la guerre: «Je suis venu jeter le feu sur la terre» (Luc, 12,49), «je suis venu non pas pour apporter la paix, mais l’épée» (Matthieu 10,34). Il prône la rébellion en même temps que l’allégeance à l’occupant romain («Rendez à César ce qui est à César»). Coup d’audace inégalé, macroniste avant l’heure, il est en même temps homme et dieu : cette aberration logique est un coup de génie. Au fil des siècles, elle est source de conflits, de disputes, de schismes qui, loin d’affaiblir la doctrine, entretient sa vitalité depuis plus de vingt siècles. Un modèle pour nous.
Cessons de jouer petit bras! Lisons Botul mais ne le lissons pas!
Les «botulèmes» sont classés sur une échelle de 0 à 12
Je viens de recommander de «lire» Botul. Est-ce possible? Un troisième élément favorable à son «apothéose» (littéralement sa «divinisation») est qu’il de «tradition orale». Quelle chance!
C’est le cas de tous les grands fondateurs de religion: Moïse, Jésus, Bouddha, Mahomet. Les écrits censés exprimer leurs pensées sont l’œuvre de disciples plus ou moins compétents. Comme disait Al Kindi au IXe siècle à propos du Coran: «De nombreuses mains s’y sont mises.» C’est le cas de Botul: les propos qui lui sont attribués sont classés comme les «hadiths» (propos attribués à Mahomet): «faibles» ou «forts» selon leur degré d’authenticité, sur une échelle de 0 à 12, comme le vent, selon leur capacité à décoiffer la pensée dominante. Je rappelle : degré 0, calme (mer d’huile, miroir, la fumée monte droit). Un botulème de force 12 (ouragan) est capable de raser entièrement des pensées édifiées depuis des siècles.
Néanmoins, nous avons un handicap: notre pauvreté en rituels et cérémonies. Il n’y a pas de baptême botulien, alors même que le prénom «Jean-Baptiste» pourrait suggérer un baptême par immersion, à l’instar de Saint Jean le Baptiste, que Jésus vint visiter sur les bords du Jourdain. En effet, on devient botulien par auto-affirmation et auto-initiation. Est botulien celui qui se dit botulien. Pas de diplômes, pas d’examen, pas de thèse, pas de parcours dans la nuit ou d’incubation dans la "chambre sacrée". Heureusement, nous avons l’enclume, symbole du mouvement botulien («Tiens! Une enclume» se serait exclamé Botul à l’âge de huit ans). Et nous avons donc organisé un «talcage d’enclume», le 12 octobre 2000, à l’Eco-musée d’Ungersheimpar (Haut-Rhin). L’officiante était de qualité: Catherine Trautmann, alors maire de Strasbourg, nous fit l’honneur de sa présence et mit la main au talc, en une gestuelle éminemment érotique. Peu de temps après, elle était nommée, par Lionel Jospin, ministre de la Culture, promotion qu’il est difficile de considérer comme une coïncidence.
Le 26 juillet 2016, nous avons procédé, en grande cérémonie, à un lancer d’enclume vers le ciel. Cela se passait à Lairière, sur le terrain herbu du Moulin de Lagarde. Succès total! En 2017, sur le même terrain, nous avons salué le retour en drone de la même enclume. Décidément, comme disait Botul: «L’enclume est l’avenir de l’homme» (botulème de force 6).
On devient botulien par auto-initiation
Reconnaissons-le: nous sommes pauvres en reliques. Où est passée la dépouille de Botul? Son crâne d’enfant, un morceau de son prépuce sont conservés au musée Botul. C’est peu: à ce jour, nous n’avons organisé ni culte ni pèlerinage. Pensez qu’il n’existe aucun suaire de Botul, pas même son maillot de cycliste! En revanche, il existe un cénotaphe, qui, comme chacun sait, est un monument funéraire sans dépouille. Le cénotaphe de Botul a été inauguré à Lairière le 25 juillet 2013, en présence des corps constitués. Notre avenir en tant que religion? Il est radieux. C’est seulement une question de temps, de quelques siècles, pas plus. Il faut que le botulisme sédimente. Il faut que les textes sacrés fassent compost, qu’ils fermentent en variantes apocryphes. Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent, telles que le Petit véhicule électrique ou le Grand Véhicule autonome!
En attendant, qui sommes-nous juridiquement? Une association régie par la loi 1901, une loi que nous prenons au sérieux, parce qu’elle est un des piliers de la République. Cette loi, solide comme un roc, clôt un long chapitre de l’histoire de France: celui des sociétés secrètes, visant la prise de pouvoir par un coup d’État. Dans ce sport, on sait que la déplorable famille Bonaparte s’est tristement illustrée (coups du 18 brumaire, du 2 décembre). Pour en finir avec ce XIXe siècle convulsif, pour clore le chapitre des conspirations et des coups de mains, et au-delà, des confréries, des congrégations, des «compagnies», les Pères fondateurs de la IIIe République ont instauré la démocratie parlementaire et le régime des partis, selon un pacte tacite qu’on peut résumer ainsi: «Cher peuple, nous te donnons le bulletin de vote, le droit de créer des partis, des syndicats, des associations en échange de quoi tu renonces aux fusils, aux pavés, aux bombes, aux barricades, tu ne nous fais plus jamais le coup de la Commune de Paris!»
Adieu Conspiration des Égaux (Babeuf, Buonarotti), «charbonnerie» sur le modèle italien («carbonari»), coups de feu et engins incendiaires des anarchistes.
Le sage fait-il ses courses à Franprix?
Mais le cadre juridique ne dit pas tout. Association de loi 1901, dont les statuts, publiés au Journal officiel, sont déposés à la préfecture de police de Paris, nous sommes une «société philosophique.»
En effet, nous avons vocation à l’universel. Implantés dans l’Est parisien, dans les Xe et XIIe arrondissements (surnommés pour cette raison «bobos» c'est-à-dire «bohème-botulienne»), nous comptons une antenne aux États-Unis (à Duke University, Durham, Caroline du Nord) et une fédération en Corse (deux adhérents à Bastia). Des débuts prometteurs!
Surtout, nous sommes une société fondée sur l'amitié (philia en grec). De ce point de vue, le botulisme est un post-épicurisme. Pour les épicuriens, en effet, l’amitié n’est pas un moyen pour faire un groupe mais une fin en soi, l’autre nom de la sagesse, qui n’est jamais, chez les Grecs, un plaisir solitaire. Cette amitié philosophique se distingue de l’amour-charité (agapè chrétien), de l’amour insufflé par Éros, de la camaraderie politique, du compagnonnage professionnel, de la fascination sectaire.
Pour une hystérie de groupe
Un groupe arrive à maturité quand tous ses membres sont «amis» Mais avec qui? Avec les autres, certes, mais aussi quand chaque membre est ami avec lui-même, pour tisser l’amitié entre les diverses parties qui le constituent : la tête, le ventre, les pieds, le nez…Vous avez remarqué que peu de gens sont amis avec leurs pieds, que beaucoup ont la haine de leur nez. Chacun d’entre nous sait combien il est difficile de faire la paix avec les différents profils qui coexistent en nous. Pour ne rien arranger à la disputatio intérieure, Freud a inventé trois instances (ça, moi, surmoi). Où est le vivre ensemble là-dedans?
Épicure a même pensé et pratiqué une philia qui s’étend aux femmes, ce qui était méritoire dans une société aussi machiste que la Grèce ancienne. Les femmes épicuriennes étaient généralement des hétaïres, donc libres de charge de famille. Dans «Le banquet» de Platon, par un habile cadrage, le petit personnel est hors champ: serveuses, danseuses, joueuses de flûte, masseuses et plus si affinités. Le banquet épicurien, plutôt austère, n’a pas besoin de ce cadrage: il n’est pas une beuverie cultivée, la femme n’y est pas objet de plaisir mais convive à part entière.
Qu’en est-il du banquet botulien appelé «salon Botul»? Il est plus proche du salon à la française inventé aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il a perdu son parfum aristocratique (en principe). On y dresse un buffet, qui a bonne réputation. Certains prétendent même qu’au salon Botul, on vient moins pour la philosophie que pour la gastronomie. Qu’y mange-t-on? Que devrait-on y manger? Ce sont des questions que nous n’avons jamais abordées. Il est entendu que le buffet Botul admet toutes sortes de mets, toutes sortes de viandes, toutes sortes de sauces, autrement dit une table laïque, sans tabou alimentaire. Cette ouverture nous handicape incontestablement pour devenir une religion. Chers amis, à la paranoïa collective, que j’évoquais plus haut, il ne serait pas mauvais d’adjoindre une hystérie de groupe, centrée sur la nourriture, qui permettrait de faire en acte et pas seulement en parole la différence entre les purs et les impurs. Dis-moi ce que tu manges et je te dirai quel philosophe tu es...C’est une question capitale, qui admet des variantes. Par exemple: le sage fait-il ses courses à Franprix?
Et maintenant un quart d’heure de célébrité
Rétablissons les faits: ce n’est pas nous qui sommes post-épicuriens, c’est Épicure qui était pré-botulien. Sa célèbre maxime «le sage ne fait pas de politique» nous va comme un gant. Nous pouvons aimer individuellement la politique, mais notre groupe n’est pas militant. Épicure refusait la lutte pour le pouvoir, à la différence des platoniciens et des pythagoriciens, actifs, et même agressifs, pour conquérir et diriger les cités. Platon a voulu s’implanter à Syracuse mais s’est planté, les Pythagoriciens, qui n’étaient pas des enfants de chœur, ont gouverné Tarente de longues années, avec le glaive plus qu’avec les mathématiques.
Aujourd’hui «ne pas faire de politique» peut se comprendre comme «ne pas aller vers les médias.» La télévision qui te maquille et te filme est toujours plus forte que toi, surtout au montage! Le journaliste qui t’interviewe toujours te trahira (en toute bonne conscience). Plutôt qu’une société secrète, restons une société discrète. A l’heure où les francs-maçons défilent dans la rue tabliers au vent, fuyons les projecteurs : comme les bisons de la grotte Chauvet, craignons la lumière et la foule, la respiration des curieux, le gaz carbonique des touristes. Contentons-nous de quelques épiphanies (apparitions), comme Dionysos: apparaître pour aussitôt mettre les voiles, comme la Vierge de Lourdes.
Une seule fois, nous avons connu une gloire mondiale, notre quart d’heure de célébrité et nous faillîmes en mourir. C’était en février 2010, quand Bernard-Henri Lévy, dans son ouvrage immortel «De la guerre en philosophie», édité par Grasset, cita Jean-Baptiste Botul à propos de Kant et sa vie sexuelle, entre Heidegger et Spinoza. Une demie-page signée BHL, imprimée par une maison parisienne de bonne réputation, quelle surprise! Nous ne lui avions pourtant rien envoyé, à BHL: «La vie sexuelle d’Emmanuel Kant» est arrivé sur son bureau par la main de la Fortune. On nous invita à causer dans les micros, pour mieux nous faire une réputation d’inventeurs de canular (excepté Daniel Mermet, à France Inter, qui resta très digne). Quelle avanie! Comme si «Botul» était un canular! Comme si nous avions voulu tromper Pierre, Paul, ou Bernard-Henri! Un canular éventé, la blague est finie. BHL n’a pas eu besoin de nous pour s’administrer un auto-entartrage. Nous avons eu chaud: non seulement Botul a survécu mais après ce boucan, il existe plus qu’auparavant.
Être sartrien: fumer des Boyard maïs
Ce qui nous manque, ce n’est pas la communication, c’est la transmission. Il faut cultiver nos jeunes pousses, nos jeunes Turcs, bref nos jeunes, sinon notre association, au lieu d’être épatante, sera ép(h)adante. Faut-il créer des Jeunesses botuliennes, défilant en uniforme, au son de la Botulaise? Trop kitch! C’est là que l’idée de starteupe nous attend au coin du bois.
Avant que vos protestations couvrent ma voix, constatez avec moi que, depuis quelques années, la philosophie est devenue une affaire de marques. Globalisation et marchandisation aidant, les philosophes en vue sont devenus des icônes et leurs maximes des slogans. Vous les connaissez: «L’existence précède l’essence/ Connais-toi toi-même/ Tout ce qui ne nous détruit pas nous renforce / On ne naît pas femme, on le devient/ L'enfer, c'est les autres» etc. Il arrivera à Botul ce qui arrive au zen: transformé en un argument de vente pour yaourtières et produits épilatoires. Bientôt il ne s’agira plus d’être nietzschéen ou sartrien mais de se laisser pousser la même moustache que Nietzsche, de fumer des Boyard papier maïs comme Sartre, de porter le turban comme Simone de Beauvoir ou les mêmes lunettes que Michel Onfray.
Le seul business auquel nous avons pensé, bien timidement, est celui des gaufrettes philosophiques. En 1992, nous avons adressé une lettre à en-tête au Comptoir des Flandres, propriétaire des «gaufrettes amusantes» "Eugène-Blond", pour leur proposer de graver des botulèmes sur leurs biscuits. L’idée était de faire ingérer la philosophie de Botul par la voie naturelle et pas seulement par les neurones. Un concept gagnant-gagnant ! Curieusement la direction d’Eugène-Blond a refusé.
Autre piste: la philosophie de croisière. Vous avez constaté comme moi l’apparition d’un nouveau type de penseur: le philosophe flottant, invité sur un paquebot à disserter sur divers sujets, moyennant cachet et cabine gratuite pour deux personnes. Pourquoi pas nous? Pourquoi ne pas commencer par une croisière sur la Seine ou sur le canal de l’Ourcq? Pourquoi ne pas lancer «La philo barge»?
Souvent, nous avons été à l’avant-garde sans le vouloir. En 1996, avant même le salon Botul, notre Banquet du Bac philo organisé à la Sorbonne (salle Louis Liard), ressuscitait la tradition glorieuse de la disputatio médiévale. Nos Open de Philo en province ont laissé des traces, ainsi que nos Oraisons funèbres par anticipation (OPA). Aujourd’hui, la réforme du Bac veut faire une place plus importante à l’entretien avec le jury. Bravo! Le succès du concours Eloquentia organisé à l’université Paris 8 nous confirme que le botulisme philosophique a fait des pas de géant depuis vingt ans.
Enfin, nous pourrions exploiter le «filon fêlé» de l’Aude, département riche en mystères, en symboles, en lieux plus ou moins sacrés, vibratoires, magnétiques, rendez-vous de chercheurs occulto-alchimistes. Qui n’a entendu parler de Rennes-le-Château et du «trésor disparu» de l’abbé Saunière, des châteaux cathares merveilleusement ruinés, et du paisible village de Bugarach où faillit démarrer, en 2012, la fin du monde? Achetons-nous des «poêles à frire» et ne ratons pas la prochaine apocalypse!
La philosophie est une aventure et non pas une carrière. L’aventure ne se programme pas, elle se vit. Parlons au présent, puisque l’avenir, comme dit le poète, n’est qu’«un chien crevé sous un meuble.» Nous avons déjà atteint la sagesse car nous n’attendons rien et personne ne nous attend.
Là encore, Botul nous montre la voie. Il n’attendait plus rien de la vie depuis l’âge de 8 ans, après qu’il eut acheté une «surprise» à cinq sous. Je veux parler de ces paquets en forme de cône, censés contenir toutes les merveilles du monde et vendus en boulangerie. De retour chez lui, en vidant sa «surprise» sur la toile cirée de sa cuisine, le petit Botul vit tomber des figurines plus minables les unes que les autres, des bonbons avariés, des pièces de monnaies en chocolat. Merci pour «les merveilles du monde» ! Il comprit l’absurdité de l’existence. L’enfant se sentit floué et ce fut le début de sa sagesse. Depuis ce jour, il n’attendit plus aucune surprise, bonne ou mauvaise. Et il formula en lui-même pour lui-même ce botulème de force 11: «N’attendre rien sinon d’être débarrassé de l’attente»,n’espérer qu’une seule chose: ne plus espérer.»
Le seul objet que le jeune Botul garda dans sa poche fut une enclume miniature en plastique. «Tiens une enclume!» se dit-il.
Et il partit sur les grands chemins. Merci de votre attention! En avant pour les 20 prochaines années! Rendez-vous en 2038!
Frédéric Pagès